Jusqu’à présent avec ma liseuse bien aimée tout n’était qu’ordre et beauté, luxe [1], calme et volupté [2]. Mes incursions du côté du projet Gutenberg, d’ebooks libres et gratuits ou encore chez Wikisource m’avaient déjà doté d’une bibliothèque aussi solide, tout Proust dans 180 grammes, qu’éclectique, cf le rapport Du service des postes et de la taxation des lettres au moyen d’un timbre de Piron sous-directeur des postes ou Le Prince de Machiavel. À cela s’ajoutaient quelques livres ou autres documents au format pdf achetés ici et là et transformés en fichiers epub dans la mesure du possible. Plus évidemment tous les fichiers que j’ai générés en guise de carnets de notes et de recueils d’informations utiles.
Ma liseuse s’est donc emplie gentiment au fil du temps de toutes sorte de livres, d’essais, de notes, de fiches voire d’images et de plans (et oui !) et jusque-là sans DRM. j’avais donc une opinion, quoique négative sur le principe, assez platonique vis-à-vis de la chose.
L’insupportable intrusion d’une DRM
Mais tout arrive, par exemple qu’on achète un livre numérique officiellement sans DRM, sauf qu’en fait non. Et là, patatras. Il faut demander à qui ? À Adobe, une entreprise privée de droit plutôt américain, ou peut-être que non pour des raisons fiscales. Laquelle installe un logiciel sans lequel on ne peut pas lire le livre, à condition qu’elle reconnaisse votre liseuse, sinon non, et marque, au niveau de l’affichage, de son sceau infamant tous vos fichiers epub.
Déjà ça c’est intolérable. Autant il n’est pas idiot de veiller à la protection de la propriété intellectuelle et à la survie économique des auteurs et des éditeurs, autant… confier ça à une entreprise privée de ce type est inadmissible et scandaleux. Il devrait y avoir un consortium de droit public et vraiment international ou, a minima, européen pour les entreprises européennes.Le pire était encore à venir. À peine remise de mes émotions drmesques, nouveau coup de massue La nouvelle version des verrous numériques d’Adobe pourrait rendre nos liseuses incapables de lire les livres achetés ainsi protégés. Même si la firme semble reculer pour cette fois et ne pas imposer de date limite de mise à jour, ce n’est sans doute qu’un délai de grâce.Le libraire s’est montré très correct et très commerçant soit dit en passant en proposant même de rembourser l’achat si je le désirais, l’éditeur par contre…
Pour aller plus loin :
- l’article de wikipedia sur la gestion des droits numériques (DRM en anglais) ;
- la nouvelle de Richard Stallman Le Droit de lire qui décrit bien, en 1997, l’état actuel de la lecture numérique ;
- l’article et le suivi presse de l’April sur les DRM.
Ça donne quand même un peu envie de pirater… ou, a minima, d’arborer ce logo.